Cette semaine, la récolte du sésame continue au Burkina Faso tandis que la commercialisation s’accroit mais reste relativement lente.
Deux
nouvelles pluies ont eu lieu dans la Boucle du Mouhoun et y ont ralenti les
activités de séchage. Toutefois, il semble que pour l’instant la qualité du
sésame burkinabè n’ait pas trop souffert des pluies tardives de cette année.
Les
achats bord-champ ont augmenté dans les régions de Dédougou, Kongoussi et
Arbinda. Même si certains acheteurs pratiquent encore 300 FCFA/kg pour de
petites quantités, le prix bord-champ de 330 FCFA/kg (500 FCFA/boite, 5000
FCFA/tine) tend à se généraliser dans les trois zones. La majorité des
quantités récoltées restent toutefois stockées par les producteurs.
Dans
la région de Hounde, aucun achat n’a été constaté jusqu’à présent.
Au
niveau de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, très peu de produit est disponible
jusqu’à présent. Les premiers chargements qui arrivent trouvent preneur autour
de 400 FCFA/kg mais certains parlent déjà de 425 à 450 FCFA/kg sans qu’on sache
si des achats sont actuellement réalisés à ce prix.
Il
est très probable que la commercialisation restera encore relativement lente
dans les prochaines semaines car deux importants exportateurs se sont retirés
du marché burkinabè cette année et jusqu’à présent presque aucun commerçant n’a
reçu de préfinancements. La capacité d’achat aux différents niveaux de la
chaine de commercialisation reste donc très limitée.
LE MARCHE DU SESAME EN AFRIQUE DE L'OUEST
Au
Sénégal, la récolte est en cours. Les tous premiers achats débutent timidement avec
une grande diversité de prix offerts. De petits volumes sont vendus autour de
250 FCFA/kg mais des ventes pour de plus gros volumes sont constatées à 300
voire à 350 FCFA/kg près de la frontière gambienne d’où beaucoup d’acheteurs opèrent.
Le
prix du sésame blanc nettoyé au port nigérian de Lagos reste autour de 1400
USD/t (720 FCFA/kg) FOB[1].
LE MARCHE INTERNATIONAL DU SESAME
Les
commandes sur le marché international du sésame s’intensifient petit à petit.
Les volumes achetés en Ethiopie et au Soudan sont en hausses et les
préfinancements des commerçants internationaux de sésame commencent à être
injectés en Afrique de l’Ouest.
Un
écart important est en train de se creuser entre l’Inde où la mauvaise récolte
entretien une forte pression sur les prix locaux qui dépassent les 1500 USD/t
(770 FCFA/kg) et l’Ethiopie où l’arrivée d’une récolte importante et sans
retard a provoqué un fort réajustement des prix à la baisse avec des prix de
gros varient entre 1200 et 1300 USD/t (615 à 670 FCFA/kg).
Cet
important écart de prix devrait se résorber au fur et à mesure que les
exportations de sésame africain viendront combler le déficit de sésame à court
terme en Asie.
Le
taux de change Francs CFA – US Dollar demeure stable autour de 1 USD = 515
FCFA.
LE POINT DE VUE DES ANALYSTES
Avec
les exportations soudanaises et éthiopiennes qui sont sur le point de
commencer, la pression devrait se relâcher un peu sur les importateurs du
Moyen-Orient et d’Asie qui vont pouvoir assurer leurs besoins à court terme
(trituration et consommation pendant les prochains mois). Mais avec les
perspectives clairement haussières beaucoup s’attendent à ce qu’un important
stockage spéculatif freine la sortie du produit en Afrique. Si ce phénomène se
manifeste comme en 2010-2011, le risque qu’une « bulle » se crée avec
des prix « trop » élevés par rapport au marché international est
fort. Espérons que les leçons de 2011, où beaucoup de spéculateurs ont perdu
énormément d’argent en se lançant dans un marché qu’ils ne connaissaient pas
suffisamment et en provoquant une montée des prix excessive, limiteront les
dégâts. Ce type de phénomène n’est bon pour aucun des opérateurs de long terme
qui font vivre la filière sésame.
Le
prix bord-champ de 350 FCFA/kg devrait se généraliser d’ici une à deux semaines
au Burkina. Même s’il est très probable que ce prix soit dépassé plus tard dans
la campagne, une première vente d’au moins 25% de la production à ce prix pour
sécuriser les revenus sur le court terme et permettre aux acheteurs de
travailler est conseillée aux producteurs.
Aux
commerçants nous recommandons la prudence. Dans les conditions de marché actuelles,
en achetant à 350 FCFA/kg, le risque de pertes est quasiment nul mais il faut
éviter une surchauffe des prix locaux et ne pas se lancer dans des achats à des
prix supérieurs à 400 FCFA/kg bord-champ tant que les commandes des acheteurs
internationaux ne seront pas plus nombreuses et ne garantiront pas un débouché
avec un prix d’export garanti sur le moyen terme.
Nous
avons encore trop peu d’informations sur la production globale en Afrique pour
être certains du potentiel de hausse ou de la stabilité des prix
internationaux. La baisse des prix en Ethiopie visible sur le graphique
ci-dessus pourrait être le signe d’une très bonne production dans ce pays qui
est le premier exportateur de sésame africain. Et une excellente production en
Ethiopie pourrait rééquilibrer en partie la balance de l’offre et de la demande
au niveau mondial.
Etant
donné sa qualité moyenne, le sésame burkinabè n’est pas la priorité des
acheteurs internationaux, il faut donc faire attention à ne pas le rendre
excessivement cher comme cela s’est passé au cours des dernières années sous
peine de détourner une partie des acheteurs du pays.
[1] FOB :
« Free On Board », en
français « libre à bord du bateau ». Terme commerciale utilisé pour
désigner le prix pour un produit livré à son port de départ, chargé sur un
bateau et prêt à partir pour un port de destination.
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