Bulletin 15 Novembre 2012



Bonjour à tous,
 Cette semaine, la récolte du sésame continue au Burkina Faso tandis que la commercialisation s’accroit mais reste relativement lente.

La quasi-totalité du sésame planté en juillet est maintenant récolté et ce sont les champs semés en août qui occupent désormais certains producteurs.

Deux nouvelles pluies ont eu lieu dans la Boucle du Mouhoun et y ont ralenti les activités de séchage. Toutefois, il semble que pour l’instant la qualité du sésame burkinabè n’ait pas trop souffert des pluies tardives de cette année.

Les achats bord-champ ont augmenté dans les régions de Dédougou, Kongoussi et Arbinda. Même si certains acheteurs pratiquent encore 300 FCFA/kg pour de petites quantités, le prix bord-champ de 330 FCFA/kg (500 FCFA/boite, 5000 FCFA/tine) tend à se généraliser dans les trois zones. La majorité des quantités récoltées restent toutefois stockées par les producteurs.

Dans la région de Hounde, aucun achat n’a été constaté jusqu’à présent.

Au niveau de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, très peu de produit est disponible jusqu’à présent. Les premiers chargements qui arrivent trouvent preneur autour de 400 FCFA/kg mais certains parlent déjà de 425 à 450 FCFA/kg sans qu’on sache si des achats sont actuellement réalisés à ce prix.

Il est très probable que la commercialisation restera encore relativement lente dans les prochaines semaines car deux importants exportateurs se sont retirés du marché burkinabè cette année et jusqu’à présent presque aucun commerçant n’a reçu de préfinancements. La capacité d’achat aux différents niveaux de la chaine de commercialisation reste donc très limitée.

LE MARCHE DU SESAME EN AFRIQUE DE L'OUEST

Au Sénégal, la récolte est en cours. Les tous premiers achats débutent timidement avec une grande diversité de prix offerts. De petits volumes sont vendus autour de 250 FCFA/kg mais des ventes pour de plus gros volumes sont constatées à 300 voire à 350 FCFA/kg près de la frontière gambienne d’où beaucoup d’acheteurs opèrent.

Le prix du sésame blanc nettoyé au port nigérian de Lagos reste autour de 1400 USD/t (720 FCFA/kg) FOB[1].



 LE MARCHE INTERNATIONAL DU SESAME

Les commandes sur le marché international du sésame s’intensifient petit à petit. Les volumes achetés en Ethiopie et au Soudan sont en hausses et les préfinancements des commerçants internationaux de sésame commencent à être injectés en Afrique de l’Ouest.
Un écart important est en train de se creuser entre l’Inde où la mauvaise récolte entretien une forte pression sur les prix locaux qui dépassent les 1500 USD/t (770 FCFA/kg) et l’Ethiopie où l’arrivée d’une récolte importante et sans retard a provoqué un fort réajustement des prix à la baisse avec des prix de gros varient entre 1200 et 1300 USD/t (615 à 670 FCFA/kg).

Cet important écart de prix devrait se résorber au fur et à mesure que les exportations de sésame africain viendront combler le déficit de sésame à court terme en Asie.

Le taux de change Francs CFA – US Dollar demeure stable autour de 1 USD = 515 FCFA.

Le prix global des produits oléagineux (palme, soja, colza, tournesol…) est en baisse marquée depuis le début du mois de septembre. Si l’écart (spread) entre le prix du sésame et le prix des autres produits oléagineux grandit excessivement, la consommation de sésame pourrait être négativement impactée.

LE POINT DE VUE DES ANALYSTES

Avec les exportations soudanaises et éthiopiennes qui sont sur le point de commencer, la pression devrait se relâcher un peu sur les importateurs du Moyen-Orient et d’Asie qui vont pouvoir assurer leurs besoins à court terme (trituration et consommation pendant les prochains mois). Mais avec les perspectives clairement haussières beaucoup s’attendent à ce qu’un important stockage spéculatif freine la sortie du produit en Afrique. Si ce phénomène se manifeste comme en 2010-2011, le risque qu’une « bulle » se crée avec des prix « trop » élevés par rapport au marché international est fort. Espérons que les leçons de 2011, où beaucoup de spéculateurs ont perdu énormément d’argent en se lançant dans un marché qu’ils ne connaissaient pas suffisamment et en provoquant une montée des prix excessive, limiteront les dégâts. Ce type de phénomène n’est bon pour aucun des opérateurs de long terme qui font vivre la filière sésame.

Le prix bord-champ de 350 FCFA/kg devrait se généraliser d’ici une à deux semaines au Burkina. Même s’il est très probable que ce prix soit dépassé plus tard dans la campagne, une première vente d’au moins 25% de la production à ce prix pour sécuriser les revenus sur le court terme et permettre aux acheteurs de travailler est conseillée aux producteurs.

Aux commerçants nous recommandons la prudence. Dans les conditions de marché actuelles, en achetant à 350 FCFA/kg, le risque de pertes est quasiment nul mais il faut éviter une surchauffe des prix locaux et ne pas se lancer dans des achats à des prix supérieurs à 400 FCFA/kg bord-champ tant que les commandes des acheteurs internationaux ne seront pas plus nombreuses et ne garantiront pas un débouché avec un prix d’export garanti sur le moyen terme.

Nous avons encore trop peu d’informations sur la production globale en Afrique pour être certains du potentiel de hausse ou de la stabilité des prix internationaux. La baisse des prix en Ethiopie visible sur le graphique ci-dessus pourrait être le signe d’une très bonne production dans ce pays qui est le premier exportateur de sésame africain. Et une excellente production en Ethiopie pourrait rééquilibrer en partie la balance de l’offre et de la demande au niveau mondial.

Etant donné sa qualité moyenne, le sésame burkinabè n’est pas la priorité des acheteurs internationaux, il faut donc faire attention à ne pas le rendre excessivement cher comme cela s’est passé au cours des dernières années sous peine de détourner une partie des acheteurs du pays.


[1] FOB : « Free On Board », en français « libre à bord du bateau ». Terme commerciale utilisé pour désigner le prix pour un produit livré à son port de départ, chargé sur un bateau et prêt à partir pour un port de destination.

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